Carnet de voyages

Senegal

Récit d'un voyage authentique

Rapport Qualité Prix
4/5
Paysage
4/5
Cuisine
4/5
Sécurité
4/5
Activités
3.5/5
Difficulté physique
1/5

Salam aleykom, nanga def ? Akksil ak diam au pays de la Teranga ! J’ai nommé le Sénégal.

Le Sénégal est aussi appelé le pays de la Teranga (hospitalité). J’ai compris pourquoi cette appellation au fur et à mesure de mon séjour. Cela faisait plusieurs années que je souhaitais aller en Afrique subsaharienne. Fascinée par cette riche culture, j’avais en tête l’hospitalité, la joie de vivre, la déconnexion….Pourquoi le SénégalÀ seulement 5h de vol de Paris, accessible financièrement, francophone et politiquement stable, cela me semblait être une évidence comme premier pays à visiter.

Aventurière mais pas trop, j’ai opté pour l’option guide-chauffeur, bien que les taxis brousses avec pour compagnons chèvres et poules auraient donné une note plus folklorique au voyage 🙂

Pour trouver la perle rare, il m’a fallu farfouiller longuement sur internet car je trouvais peu d’informations sur le pays et ne connaissait personne y étant déjà allé. J’ai fini par trouver sur des forums le nom d’un guide/chauffeur moult fois cité – Yerim – que je recommande vivement. Le voyage n’aurait pas été le même sans sa gentillesse et son humour.

Coordonnées : +221 77 439 28 27

Ne sachant pas vraiment les lieux que je souhaitais visiter, je lui ai surtout fait part de mes envies : aller à la rencontre des locaux et sortir des sentiers battus… en bref découvrir un Sénégal au-then-tique !

C’est ainsi que le 20 septembre 2019, accompagnée d’une amie qui m’est chère, je m’envole vers le Sénégal pour une durée de 9 jours

A l’heure où j’écris (soit 4 ans plus tard) le Sénégal reste le voyage m’ayant le plus marqué et vous comprendrez (je l’espère) à travers mon récit, pourquoi.

Bon à savoir : Entre juillet et septembre c’est la saison des pluies et donc la saison basse. Le risque : que les routes soient impraticables. L’avantage : ne croiser quasiment aucun touriste et payer moins cher. Nous avons eu de la chance car il n’a jamais plu en journée pendant notre séjour.

Nuit 1 : Negendef

Arrivée de nuit à Dakar avec Royal Air Maroc nous sommes accueillis par Yérim et une chaleur étouffante. Je hume l’air avec émotion … ça y est j’y suis ! Sur la route menant au village de Warang où nous passerons notre première nuit, défilent marchands, femmes, enfants… tous sont dehors malgré l’heure tardive. Notre 1er hébergement est une charmante maison d’hôtes, Keur Damel, rien que pour nous dans laquelle nous reviendrons à la fin du séjour.

Jour 1 : Dakar et environs

Après une première nuit où l’on fait connaissance avec les virulents moustiques sénégalais (bracelet à la citronnelle, pschit naturel, pschit chimique local rien n’y fait, elles survivent), nous partons pour Dakar et plus particulièrement l’île de Gorée, tristement célèbre pour avoir été un centre de commerce d’esclave entre le XIVe et le XIX e siècle. La traversée d’une vingtaine de minutes (coût 8€) constitue le premier échange avec la population. 

Étant les seules touristes dans l’embarcadère nous sommes vites entourées de femmes amusées par nos tresses (alliées indispensable contre l’humidité) et nos tenues identiques. Une fois sur place nous sommes prises en charge par notre guide surnommé Hibou, originaire de Gorée, qui arrivera à nous raconter avec humour l’histoire de cette île. D’abord portugaise, l’île est ensuite devenue hollandaise puis française. Les couleurs des maisons sont d’ailleurs le souvenir du passage de ces 3 pays : jaune = Portugal, rouge = Hollande, blanc = France 

On y découvre avec émotion la maison des esclaves où étaient enfermés dans de minuscules pièces, les femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Les enfants étaient séparés de leurs mamans.

On peut voir également les cellules où étaient jetés les récalcitrants, ceux qui ne voulaient pas abandonner leur noms et prénoms africains.

Le saviez-vous ? Les français sont venus sur l’île pour soigner les esclaves de la peste qui sévissait à l’époque. D’où le nom de Toubab (babtou en verlan pour les connaisseurs) qui désigne aujourd’hui les « blancs » et qui vient du mot arabe toubib signifiant médecin, d’après notre guide Hibou. Aujourd’hui classée au patrimoine de l’Unesco depuis 1978, l’île est habitée par 1400 habitants et contient des restaurants, boutiques et est le lieu privilégié des artistes. Un magnifique tableau de sable fait sur place orne d’ailleurs toujours mon salon.

De retour à Dakar nous visitons le monument de la renaissance africaine de 52 mètres de hauteur qui offre une belle vue sur la ville (si vous arrivez à bout des 199 marches).

A 40 km de Dakar se trouve le lac Retba, plus connu sous le nom de « lac rose » où nous finissons la journée.

Le saviez-vous ? Le lac rose n’a cette couleur qu’à certains moments de la journée en fonction de l’ensoleillement.  La couleur rose/rouge vient de la présence d’un micro-organisme qui développe un pigment coloré pour résister à la forte concentration de sel. En effet, ce lac est 10 fois plus salé que la mer.

A notre arrivée le lac n’était pas vraiment rose mais ce n’est qu’un détail. La rencontre avec les travailleurs(euses) qui récoltent péniblement à la main et sous le soleil le sel est bien plus intéressante. L’exploitation de ce condiment est une des activités économiques de la région.

Malheureusement à cause du réchauffement climatique et de la montée des eaux, le lac menace de disparaître 🙁 Après cette première journée riche, nous passons la nuit à l’hôtel Palal près du lac. Mon avis : hôtel sympathique avec restaurant et piscine.

Bon à savoir : Yérim a choisi les hôtels lui-même en amont. Il m’avait envoyé les noms pour validation comme pour le reste (itinéraire, activités…). Il dormait dans les mêmes hébergements mais nous laissait l’espace et la liberté nécessaire. 

Jour 2 : Désert de Lompoul

Nous attaquons la journée par une super virée en buggy sur les traces du Paris-Dakar (l’arrivée du rallye de formule 1) en parcourant les dunes parsemées d’arbustes et en longeant l’immense plage vide donnant sur l’océan Atlantique. 

Direction ensuite le désert de Lompoul situé entre Dakar et Saint Louis. Et oui, il y a un désert au Sénégal à quelques kilomètres seulement de l’océan. Il s’agit de l’un des plus petits au monde : à peine 18 km2.

Sur la route nous traversons différents villages. En arrivant à l’un d’eux, des familles dansant en bord de route nous font signe à travers la fenêtre de les rejoindre. Ni une ni deux nous nous retrouvons à danser avec eux ! Des musiciens de Guinée-Bissau de passage dans le village rejoignent le groupe et nous souhaitent la bienvenue en musique. Un moment magique avec les locaux qui reste encore aujourd’hui un très beau souvenir.

Une fois arrivées au désert, nous sommes accueillies par de grands sourires et un verre de thé (Terenga nous avons dit). Nous découvrons une rangée de tentes blanches traditionnelles qui sera notre lieu d’hébergement avec douche et toilettes extérieures (mais privatives…ouf !).

Ayant les dunes pour nous – le luxe n’est ce pas ? – nous partons à la découverte à pied de ce désert étonnamment entouré de verdure. Un des locaux indique qu’il s’agit de plantation humaine d’Eucalyptus pour tenter de stopper la désertification du Sénégal.

Le saviez-vous? Près d’un million d’eucalyptus ont été plantés depuis près de 50 ans pour tenter de contenir le désert et éviter sa progression car il dégrade les terres cultivables. Encore une fois, l’une des causes est le réchauffement climatique. De quoi faire réfléchir…

Nous avons également pu nous amuser à dévaler les dunes sur des espèces de planches de surf. Oui oui vous avez bien lu, du surf dans le désert, au Sénégal ^^. Un moment hilarant avec les locaux qui se moquaient de nos prouesses. Pour finir la journée, les musiciens sortent leur djembé et dévoilent leurs meilleurs pas de danse pour une petite soirée très conviviale au coin du feu. C’est ainsi que s’achève cette deuxième journée au Sénégal. Nous avons déjà l’impression d’y être depuis bien plus longtemps.

Jour 3 : Touba & Toubacouta

Aujourd’hui, cap sur le village de Toubacouta proche de la frontière avec la Gambie en passant par la ville spirituelle de Touba.

Le saviez-vous ? La Gambie est une ancienne colonie anglaise totalement enclavée à l’intérieur du Sénégal.

Touba est la deuxième ville la plus peuplée du Sénégal. Cela se ressent, nous traversons une foule de monde s’agitant dans tous les sens. En nous dirigeant vers la mosquée de la ville, l’une des plus grandes d’Afrique de l’ouest avec son minaret de 86 mètres de haut, des grandes affiches et pancartes avec la tête d’un homme m’interpellent. Yerim nous informe qu’il s’agit du Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie des mourides (une communauté musulmane) originaire de Touba qui fait la fierté de la ville. 

Après la visite de la magnifique et gigantesque mosquée nous partons à la découverte du marché de la ville. C’est un marché assez particulier puisqu’on y trouve principalement des ateliers : cordonnerie, couture, réparation de pièces. Comme ce sera le cas pendant tout le séjour, le déjeuner se fait dans un petit boui-boui local qui ne paye pas de mine. Un seul plat au choix proposé mais délicieux et copieux pour 1,5 euros. Je parle plus bas des spécialités culinaires mais moi qui suis un ventre sur patte habituellement, c’est bien la première fois que je ne ressens pas le besoin de grignoter en voyage !

Le trajet jusqu’à la prochaine étape Toubacouta est long, de 3h30. Cela permet de se reposer et de découvrir différents villages avec en fond, la playlist de Yérim passant en boucle tous les albums de la star du pays – Youssou’n’dour – que nous finirons par connaître par cœur :).  Avant d’arriver dans le village nous faisons une halte en bord de route pour manger les énormes mangues achetées à Touba. Des jeunes filles s’approchent, nous prennent par la main (encore collante de jus de mangue) pour aller jouer à la corde à sauter ensemble. 

Cela faisait bien longtemps que je n’en n’avais pas fait et après seulement quelques sauts je n’ai plus de souffle ^^. Mon amie se lance, sa performance est déjà meilleure. Vient ensuite le tour de Yerim qui a fait cela toute sa vie visiblement, il enchaîne les sauts avec brio sous le regard amusé des petites filles. Elles nous font à leur tour une super démonstration puis nous partageons nos mangues avant de reprendre la route. Ces petits moments improvisés qui ponctuent notre séjour sont merveilleux. 

Une fois à Toubacouta nous découvrons notre hébergement pour les 2 prochaines nuits : Afrika Strick Lodge. Un établissement familial avec seulement 6 chambres et une piscine. La nuit n’étant pas encore tombée nous en profitons pour partir découvrir le coin.

A peine arrivées au village, nous sommes interpellées par des femmes qui souhaitent nous inviter à une fête de circoncision prévue le lendemain. Un peu plus loin, une horde d’enfants accourent vers nous tout sourire et nous escortent jusqu’à l’endroit où ils jouent. 

Cette fois-ci c’est saut, mais avec élastique. Décidément ces petits mettent mon cardio à rude épreuve :). Ils ne veulent plus nous lâcher, nous montrent leur maison, leur école (fermée car en septembre c’est encore les vacances au Sénégal), veulent être pris en photo en notre compagnie. Un magnifique moment en leur compagnie.

De retour à l’hôtel, un succulent plat de poisson nous attend. L’un des membres de l’établissement est un pêcheur aguerri qui nous montre fièrement son tableau des records de pêche. Je ne saurais vous dire de quel poisson il s’agissait mais il n’a pas fait long feu dans nos assiettes.

Étant seules de nouveau dans l’établissement nous décidons d’initier Yérim, les propriétaires et les salariés au jeu de carte UNO. Malheureusement très vite des bestioles énormes (je n’exagère pas je vous jure) mi-libellule mi-bourdon nous chassent, les locaux partent en fou rire. Ils finiront la partie sans nous :).

Jour 5 : Réserve de Fathala ​

Moment d’adrénaline du séjour…la ballade avec les lions !!

Disclaimer : les lions ne sont pas drogués mais apprivoisés. Ils viennent d’Afrique du Sud et vivent dans la réserve depuis bébé.

Nous sommes un petit groupe et le guide très drôle (décidément les Sénégalais ont vraiment le sens de l’humour) fait son brief en distribuant un bâton chacun. Il explique qu’il ne doit pas tomber ni être ramassé en cas de chute si nous souhaitons repartir vivant (rassurant…). En effet,  tant que le bâton est à la verticale, les lions restent à distance. Des lionceaux (que je trouve énorme pour des gosses) arrivent, joueurs, et en pleine forme, à tel point qu’il est impossible de débuter la balade ou prendre des photos. Un autre couple est alors appelé, pas plus intéressé par nous, ils préfèrent continuer leurs câlins… 

Une fois un peu plus dociles, je suis la première à me lancer sans aucune appréhension bizarrement. Moi qui panique pourtant devant un caniche … aucune logique. Je me positionne derrière le lion qui se prélasse et me rend compte que je suis a à peine 1 mètre du plus grand prédateur de la savane…  l’adrénaline monte.

Manque de chance, ils n’étaient pas d’humeur à marcher et après quelques minutes d’attente le guide préfère les laisser jouer. Nous restons près d’eux à les observer et j’aurai quand même le droit à un selfie :). Avant de partir, le petit groupe de touristes sud africains qui nous accompagnaient nous propose de les rejoindre pour un safari dans la réserve et de partager les frais. Même si le Sénégal n’est pas connu pour ses safaris, l’expérience est chouette. Girafes, zèbres, antilopes, phacochère, éléphants, oiseaux défilent devant nous. Nous avons même eu le privilège de croiser la route du seul rhinocéros noir de la réserve (qui a tué sa propre femelle…).

Bon à savoir : équipez-vous de manches longues pour éviter d’être piqué par les mouche tsé-tsé responsables de la maladie du sommeil.

A la fin du safari, Yérim souhaite nous faire découvrir le plus grand fromager du Sénégal dans le village de Missirah. Tout bêtement on s’attendait à un énorme stand de fromage dans un marché ou quelque chose comme ça. Quelle n’a pas été notre surprise lorsque l’on s’arrête et qu’il désigne un arbre gigantesque en nous disant qu’il s’agit du fameux fromager. L’arbre est en effet impressionnant de par sa taille et sa circonférence de 30 mètres ! 

Un jeune homme installé sous l’arbre s’improvise guide et nous explique plein de choses sur ce fromager vieux de plus de 1000 ans : il est très précieux pour les villageois qui le considèrent comme un arbre sacré les protégeant des mauvais esprits. Il est également utilisé comme médicaments (problèmes de peau, maux de dents…).

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Jour 6 : Le Sine Saloum

Aujourd’hui Yérim nous quitte :(. Il part retrouver un autre groupe en voiture. Il nous confie à son collègue Abu pour les prochains jours afin de découvrir la région du Sine Saloum qui, nous le comprendront rapidement, ne requiert pas de véhicule. Le delta du Sine Saloum est à la confluence de 2 fleuves : le sine et le saloum. Des centaines d’îles sont séparées par des canaux de mangrove appelés Bolong. Seul moyen de les atteindre : la pirogue.

Justement, la journée débute par une longue traversée du fleuve en pirogue à travers la mangrove. C’était une première pour toutes les deux. Un moment magique dans le silence à observer ces arbres plongés dans l’eau. 

Le saviez-vous ? La mangrove est un écosystème composé de palétuviers dont les racines sont dans l’eau. Elle joue un rôle important dans la lutte contre le changement climatique : protection côtière contre l’érosion, habitat pour un grand nombre d’espèces,  régulation du climat…

Nous arrivons ensuite à un village pour le déjeuner que nous partons explorer en charrette. Un crâne d’animal enfoncé dans le sol attire mon attention. La dame qui nous accompagne nous explique qu’il s’agit d’un ancien village animiste et que les traces de cette croyance sont encore présentes. 

Le saviez-vous ? 95% des Sénégalais sont musulmans et 4 % chrétiens. Le reste est considéré comme animistes (principalement dans la région de la Casamance dans le sud du pays). En réalité, Yérim nous confie que les cultes animistes ancestraux sont encore bien ancrés dans les cultures quelque soit la religion.

Alors c’est quoi l’animisme ? C’est une croyance selon laquelle tous les êtres et objets possèdent une âme ou un esprit (pierre, arbre, plante, animal…). Différents rites la composent (je ne saurai vous les expliquer). 

La charrette s’arrête devant un groupe de femmes qui vendent toutes sortes de choses : collier, ustensiles en bois, tissus, porte clé … Elles nous prennent d’abord par la main pour danser avec elles, puis, très vite nous sommes encerclées par tout le groupe.  

Étant certainement les seuls touristes de la journée, chacune des femmes tente de nous vendre quelque chose. Abu vient alors à notre secours, leur expliquant que nous ne pouvons pas tout acheter. C’est la seule fois du séjour où l’on se sentira réellement “touristes”. 

Nous retrouvons ensuite notre piroguier et poursuivons notre balade sur le fleuve jusqu’à l’île des oiseaux qui est un véritable sanctuaire ornithologique. Différentes espèces croisent notre chemin : goélands, mouettes à tête grise, sternes caspiennes….(merci au guide car je n’ai reconnu que le pélicans 😅).  Nous avons même la chance de voir des flamants roses. Malheureusement nos téléphones de l’époque ne permettaient pas de prendre de jolies photos de loin mais croyez moi les espèces étaient magnifiques. Les amateurs de photographie se régaleront. L’approche du coucher de soleil sonne la fin de la balade en pirogue. Nous rejoignons l’île de Mar lodj pour la nuit.

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L’hôtel, Nouvelle Vague, est un joli établissement où les chambres sont des cases. Trop stylé !

Il dispose d’un restaurant, comme tous les autres hébergements d’ailleurs à la différence que cette fois-ci nous dinons avec d’autres voyageurs : une mère et sa fille françaises et deux amis guadeloupéens avec qui nous discutons et débattons tout au long de la soirée. 

Jour 7 : Ile de Mar lodj

Après un bon petit-déjeuner maison (confiture de mangue, de bissap, de fruit du baobab miam !),  nous partons pour une nouvelle virée en charrette pour visiter les 4 villages qui composent l‘île de Mar Lodj. J’aime trop ce mode de transport pittoresque (au bout de quelques heures on sent plus trop son derrière mais cela reste tout de même très sympa). 

Sur l’île, pas de voiture et cela fait beaucoup de bien !

Nous traversons les champs de mil (une céréale très utilisée au Sénégal riche en protéines et vitamines) et déposons la cuisinière de l’hôtel, Sophie, chez elle pour son jour de repos. Elle nous invite gentiment à entrer dans la cour où se trouvent plusieurs membres de sa famille. On nous sert du thé tandis que des jeunes garçons grimpent sur un cocotier à une vitesse folle afin de faire tomber quelques coco et nous les faire goûter. Un délice 🙂

La balade se poursuit par la découverte  d’un arbre « sacré ». Enfin il s’agit de 3 arbres : un fromager (on sait ce que c’est maintenant), un rônier et un caïlcédrat dont les troncs s’entremêlent. La légende sénégalaise indique qu’il s’agit du symbole de l’entente entre l’islam, le christianisme et l’animisme. 

 

Nous nous arrêtons ensuite au niveau du tam-tam téléphonique qui permettait jadis d’avertir les villages avoisinants en cas de problème. 

Une fois la balade terminée, retour à l’hôtel pour profiter de la piscine vide avant d’aller flâner dans les boutiques du village. 

Le temps passe lentement au Sénégal mais encore plus dans le Sine saloum où nous avons l’impression qu’il s’arrête. Pas de réseau, pas de voiture, plus de notion du temps. Un véritable bonheur pour les citadines que nous sommes !

Jour 8 : Joal-Fadiouth et Mbour

Aujourd’hui au programme : découverte de l’île au coquillage, Fadiouth, accessible à pied en traversant un pont ou en pirogue. À notre arrivée, nous sommes accueillies par un guide, habitant de l’île et par pleins de cochons en liberté … l’île étant majoritairement chrétienne.

La particularité de l’île réside dans son sol recouvert de coquillages et aussi étonnant que cela puisse paraître, le guide nous explique que ces coquillages viennent en fait de restes de mollusques consommés ici depuis des siècles… c’est fou, non ? Les coquillages servent aussi à la construction des maisons. Il y en a partout !

Bien que Fadiouth soit composée à 90 % de chrétiens, comme dans le reste du pays, les musulmans et chrétiens vivent en harmonie. D’ailleurs, ici dans certaines familles il y a des membres musulmans et d’autres chrétiens. Une belle leçon d’humanité 🙂

Sur l’île, il existe même un cimetière mixte, accueillant à la fois des tombes de musulmans et de chrétiens. Le cimetière est sur un îlot en hauteur entouré par la mer, joignable lui aussi par un pont. 

En revenant à Joal, nous visitons la maison natale de Léopold Sédar Senghor (le premier président du Sénégal) qui a été transformée en musée. Si nous l’avions fait seules, uniquement en lisant les panneaux explicatifs, cela aurait été intéressant mais sans plus. Grâce à Etienne, le conservateur du musée, la visite a été tout autre. Il vous raconte l’histoire de la vie du président d’une manière incroyable avec pleins d’anecdotes. Nous n’avons jamais autant ri en visitant un musée.

Après le déjeuner, direction le plus grand baobab sacré du Sénégal : 850 ans, 32 mètres de circonférence ! L’arbre est impressionnant avec pleins de troncs entrelacés. 

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L’intérieur du baobab est accessible depuis le tronc. Nous avons commencé à y entrer puis dès que le guide a parlé de chauves-souris…nous avons rebroussé chemin aussitôt.

Le saviez-vous ? Le baobab sacré à servi pendant longtemps de cimetière réservé aux griots (conteurs) dans l’ethnie des sérères. Ils étaient considérés comme des personnes de classe basse qui ne méritaient pas d’être enterrés sur les terres. C’est le président Léopold Sédar Senghor qui a aboli cette pratique. 

Nous reprenons ensuite la route en direction de Mbour pour les derniers jours. 

A l’approche du village je vois à travers la fenêtre un attroupement de personnes dans une rue. Abu nous dit qu’il s’agit sûrement d’une fête de circoncision. Me rappelant de la discussion avec un villageois quelques jours plus tôt sur les rites lors des circoncisions, je me dis qu’il doit y avoir le fameux KonkourangImpossible de rater un tel événement. 

Je demande au guide si on peut aller voir mais il me répond par la négative en m’expliquant qu’il avait peur et qu’il valait mieux ne pas y aller. Je jette un œil à mon amie qui n’était pas trop rassurée mais j’ insiste et, elle finit par me suivre. Toute excitée, je me dirige vers l’attroupement. On voit des jeunes avec des bâtons, des hommes et des femmes. 

D’ailleurs l’une d’elle s’étonne de notre présence, et nous conseille de rester près d’elle car le Konkourang ne va pas tarder à faire son apparition. Nous continuons d’avancer et là, en une fraction de seconde toute la foule se met à courir dans notre direction, en tapant avec leur bâton.  

Instinctivement on se met également à courir, une pensée me traverse l’esprit et j’ai un énorme fou rire. J’ai l’impression de vivre la scène dans le Roi lion quand Simba se retrouve au milieu du troupeau de gnous courant dans sa direction d’un coup. Je vous laisse imaginer la scène, 2 toubabs en jupe et sandales courant au milieu de la foule et ne comprenant pas ce qu’il se passe. Nous nous engouffrons, haletantes, dans la voiture. Le guide nous réprimande forcément “je vous avez bien dit de ne pas y aller”. Moi je suis toujours hilare par ce qui vient de se passer mais un peu déçue de ne pas avoir vu le fameux Konkourang.

J’imagine que vous lisez l’épisode et vous vous dites mais de quoi parle-t-elle ? C’est quoi un Kankourang ? Le Kankourang est un personnage qui porte un masque et dont le corps est rempli de fibres rouge/orange et de feuilles, associé aux cérémonies de circoncision en Casamance et dans le village de Mbour. D’après les villageois, personne ne sait qui se cache derrière… un vrai mystère. Ses apparitions sont ponctuées d’une danse qu’il exécute en maniant deux coupe-coupe et en poussant des cris. 

photo d'illustration source : Seneplus

Une fois nos esprits retrouvés, nous partons à la découverte du plus grand marché de poissons du pays (on pense bien à notre invocation à un million ici !). Attention aux narines ! Le marché est immense, disposant de stands en intérieur de toutes sortes de poissons plus ou moins gros. A l’extérieur les pêcheurs s’activent pour faire descendre leur butin des pirogues. Les femmes quant à elles tiennent les étales de poissons séchés très utilisés ici dans les plats.

Un autre marché attenant à celui de poissons nous permet de faire nos emplettes : beurre de karité, fleurs d’hibiscus pour pouvoir faire du bissap à notre retour, confitures maison… Au détour d’un étal de vêtements, des vendeuses tentent de nous vendre des grands colliers de perles : « Pour garder vos hommes près de vous disent-elles ». Vous l’aurez compris la superstition est encore très présente. D’ailleurs Yérim nous apprends que la plupart des hommes portent autour de la taille une ficelle en bois destinée à les protéger. 

La journée se termine par un dernier stop incontournable : un magasin de tissu en wax. Nous ne savons plus où donner de la tête tant il y en a. Pensant que nous n’aurons pas le temps de confectionner d’habit sur place nous n’en prenons que deux. 

Jour 9 : Warang

Dernier jour 🙁 

Nous souhaitons profiter des derniers moments avec les hôtes de Keur Damel en participant à la préparation du déjeuner : le Thieboudienne. Ce plat requiert beaucoup d’ingrédients que l’on ne connaît pas toujours et un certain temps de préparation. J’avais tout noté scrupuleusement mais honnêtement je n’ai jamais eu le courage de refaire le plat chez moi. 

Les enfants tentent de nous transmettre l’art de manger avec les doigts en formant des petites boules. Ayant déjà du mal à manger sans me tacher avec des couverts, je vous laisse imaginer l’état de mes vêtements à la fin du repas. 

N’ayant pas eu le temps de découvrir le village de Warang au début du séjour, nous décidons d’aller l’explorer. 

En marchant au hasard dans les rues, des bruits de djembé et autres instruments attisent notre curiosité. On se dirige en direction de la musique jusqu’à se trouver devant une maison. Par l’embouchure de la porte nous voyons un groupe de musiciens.

L’un des membres nous aperçoit et nous propose d’entrer. Pas trop rassurée à l’idée d’être les seules filles nous hésitons. En apercevant des enfants et des femmes, nous enjambons le pas. Après les avoir observé quelques instants, ils nous proposent d’essayer les instruments… un carnage auditif s’ensuit. Heureusement, après quelques tentatives nous arrivons à être plus ou moins dans le rythme. 

Pour finir en beauté ce fabuleux voyage, direction la plage. Des bissap à la main (LA boisson locale) nous profitons du bruit des vagues. 

Au moment de rentrer, un homme sortant d’une petite cabane nous salue. En voyant derrière lui une machine à coudre, il nous indique qu’il est couturier et qu’il a décidé d’installer son petit atelier sur la plage afin de piquer une tête quand bon lui semble. Nous lui faisons part de notre frustration de ne pas l’avoir vu dès notre arrivée car en possession de beaux tissus, nous aurions aimé les faire coudre avant de partir. Gentiment il nous demande d’aller les chercher pour qu’il puisse confectionner des jupes le soir même. Ravies, nous repartons après quelques heures, juste le temps de préparer nos bagages pour le départ matinal le lendemain, avec nos superbes jupes pour la modique somme de 6€.

Jour 10 : Back to Paris

Réveillées à 4h pour partir à l’aéroport nous disons au revoir à nos hôtes avec un pincement au cœur. Ce voyage aura été bouleversant…

Avis sur le pays :

Un magnifique voyage qui a semblé durer 15 jours tant nous étions déconnectés et cela fait beaucoup de bien. Ne plus avoir la notion du temps, de pas avoir de réseau… je cherchais la déconnexion et le dépaysement et j’ai été servie. Ce fut un voyage marquant humainement et authentiqueLes Sénégalais sont très chaleureux et drôles. Nous nous sommes sentis chez nous. Les paysages sont très verdoyants, la culture et l’histoire riche, bref j’ai adoré ce pays. Je n’ai qu’une seule envie c’est d’y retourner si Dieu le veut et découvrir la région de la Casamance de l’autre côté de la Gambie.

Avis sur l'option chauffeur-guide :

Je ne regrette pas du tout d’être passée par un guide chauffeur. Nous avons pu découvrir une variété d’endroits à travers le pays que nous n’aurions pas pu joindre en taxi brousse (ou alors en prenant beaucoup plus de temps) et louer une voiture n’était pas envisageable au vu de notre itinéraire et des routes parfois impraticables. Avoir un guide privée à ses côtés c’est aussi pouvoir s’arrêter à sa guise, échanger et apprendre pleins de choses sur la culture, la nature et l’histoire du pays. Puis, il faut l’avouer c’est aussi agréable parfois de se laisser porter. Enfin, étant deux filles seules je pense que c’est le meilleur moyen d’être tranquilles et éviter d’être embêtées. Yerim et Abu ont été nos tontons sénégalais durant tout le séjour.

Qu'est ce qu'on mange au Sénégal ?

Une section importante dans un voyage. Alors déjà on mange bien et ça c’est important ! (Bon à part si vous n’aimez pas le riz…) et pour pas cher du tout (en dehors de Dakar). Bien entendu tout est halal :

  • Yassa, sauce aux oignons et olives
  • Thieb, LE plat par excellence
  • Mafé, sauce arachides
  • Poisson de toutes sortes
  • Jus de bissap, fleur d’hibiscus
  • Jus de bouille, fruit du baobab
  • Jus de gingembre…
Comme vous avez pu le voir, nous ne sommes pas restées longtemps à Dakar mais voici les recommandations d’amies : La Pampa, La fourchette, Beluga, Le N’gor pieds dans l’eau, Le carré, Chez Fatou, Parilla.
 
 

Quel budget prévoir ?

Le budget suivant est à titre indicatif. En effet, il dépendra de la période à laquelle vous y allez, du programme et du type de logements souhaité. Dans notre cas, nous y étions comme indiqué pendant la saison des pluies et nous étions logés soit dans des maisons d’hôtes soit des petits hôtels familiaux. Par ailleurs, le voyage remonte à 2019, malheureusement depuis l’inflation est passée par là. Ne soyez donc pas surpris si vous payez un peu plus cher. 

 

J’espère que cet article vous a plu, n’hésitez pas à poster un commentaire ou à partager. Sur ce, je vous souhaite un bon voyage !

5/5 - (6 votes)

11 Comments

  • Shawny

    Wawwww ce récit voyage est juste magnifique.
    Il est tellement immersif on s’y croirait.
    Merci pour les bons plans délivrés tout au long de ce blog.
    Une vraie pépite ✨

  • Sofia

    Super article qui, rien qu’à sa lecture nous permet de voyager, on s’y croirait.
    Ça donne envie d’y aller !!!!

  • Kay

    Magnifique!!!
    Je n’ai encore jamais visité le Sénegal, j’ai encore plus envi d’y aller après cet article!
    Vous êtes super Fafou, merci!!!

  • Anonyme

    J’ai tellement adoré l’article que je n’ai pas vu que j’étais arrivée à la fin! Merci pour cette immersion, ça me donne envie d’y aller!

  • Anonyme

    J’ai adoré vous lire, vous avez un talent certain pour nous faire vivre vos aventures comme si nous nous y étions. Merci pour votre partage !

  • Anonyme

    Quel bel article , j’ai eu l’impression d’être au Sénégal avec vous. Comment est le pays d’un point de vue

  • Manuella

    Nanga def ? Magnifique article résumant bien notre voyage ensemble au Sénégal! Un de mes meilleurs voyages!!! Le plus authentique, en toute simplicité sur la terre de l’hospitalité, la teranga 🥰.
    Merci pour ces souvenirs !!

  • Anonyme

    Au début, j’étais venu sur ce blog pour avoir des idées pour mon Oman. J’ai tellement aimé vos conseils, que j’ai voulu en voir plus sur d’autres pays. Et vous m’avez tellement convaincu pour que le Sénégal soit ma prochaine destination ! Merci fafou !!!

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